Déjà 4 mois au Nigéria

Fin mars 2019. J’ai déposé mes deux (grosses) valises à Lagos pour un contrat de quelques mois au Nigéria. Le Nigéria… mais pourquoi ??? c’est la question que m’a posé la plupart de mes amis et surtout ma famille.

Il faut dire que ce pays fait peur à plusieurs. Le Nigéria n’a pas uniquement mauvaise réputation en occident. En Afrique, il faut croire que c’est pire. Mes parents et amis sur le continent ont montré plus d’inquiétude à ma décision que tous les autres. Avant de venir y vivre, j’en avais moi-même gardé un souvenir pas très joyeux.

Petit retour dans le passé

Lorsque je faisais mon visa pour aller étudier en Belgique, j’ai dû y venir 3 fois…18 ans déjà… ça ne me rajeunit pas tout ça. Il s’en est passé des choses depuis ce temps… [Là, je suis en train de rêvasser…] Si j’avais eu un gosse après le Bac (fin du secondaire), il ou elle aurait la majorité à c’t’heure…Ben là ! Mon père m’aurait probablement crucifié aussi…Et je ne serais pas en train d’écrire ces lignes. Peut-être serais-je en train de cravacher dur pour subvenir à son éducation et que je n’aurais pas pu me permettre cette petite incartade de quelques mois ?

Décembre 2001, je prends la route pour Lagos avec ma très chère Da Kathy. C’est mon premier long voyage en voiture. Je me rappelle d’avoir découvert les Springles à la même période. Manger des chips sans maman (ou papa) pour te dire « fermes cette boite tout de suite après cette bouchée » le paradis sur des kilomètres voyons donc ! J’avoue tout de même que je m’en suis tellement enfilés, que pendant longtemps juste l’odeur m’était insupportable.

« Les gens font la justice eux-mêmes par ici… »

Je me souviens d’avoir crié au chauffeur, « il faut qu’on s’arrête ! ils sont en train de brûler cet homme !!! ». Et ben non, on ne s’est pas arrêté. Le chauffeur m’a expliqué que c’est un voleur et qu’il vaut mieux ne pas s’y mêler. « Les gens font la justice eux-mêmes par ici… ». Une foule avait jeté des pneus usagés sur le pauvre homme et malgré ses cris, son sort était scellé.

Ma « Badass » de Da Kathy

Une fois arrivées à l’hôtel, Da Kathy barricade toujours la porte avec une chaise et tout ce qu’elle peut trouver de solide. Il paraît que les voleurs ne connaissent pas le sommeil, au contraire. Il ne faut jamais compter juste sur la clé dans la serrure. Je rigole en me disant qu’elle exagère.

« Si c’est un homme, il n’a qu’à mettre la main ! »

Avant de rentrer à Lomé, nous faisons un tour au grand marché dont je ne me souviens plus du nom. Ça fait un moment qu’on marche, le marché est surpeuplé. Soudain, Da Kathy se retourne, prends la main de l’homme derrière elle et veut l’enfoncer dans son pagne. Le type ébahit, moi aussi ! Il retire rapidement sa main et prend ses jambes à son cou. Je suis sans voix. Je reste clouée là, à la regarder, avant d’éclater de rire.

« Si c’est un homme, il n’a qu’à mettre la main ! » Je comprends que c’était un voleur qui en avait après son argent.

En Afrique de l’ouest, les femmes de l’âge de Da Kathy mettaient souvent leurs sous, autour de la taille, sous leur pagne. Pour les dépouiller, il fallait pratiquement les déshabiller. Elles étaient prêtes à toute éventualité ! Le pauvre homme en déguerpissant a dû se dire « Mais c’est qui cette femme qui m’a pris sur le fait comme cela ?!? » C’est l’un des meilleurs souvenirs que je garde de ma Badass de tante Kathy. Paix à son âme.

Ma décision de (re)partir comme volontaire, le choix du Nigéria

Mon contrat de consultante en communication chez RT prend fin en janvier 2019. Je postule à plusieurs offres sur Montréal et je passe des entretiens téléphoniques presque tous les jours. Un mois plus tard, une entreprise me promet une offre après trois entretiens. Le jour où je suis sensée recevoir l’offre, la recruteure me dit qu’il y a un changement. Ils recherchent maintenant un profil Comm et RH… Pourquoi ? Apparemment, la directrice du département couvrant RH et Communications est partie et la manager RH avec laquelle je dois travailler préfère cela. Hummmm…

Je n’y crois pas vraiment à leur histoire. Je n’insiste pas. Je suis de ceux qui pensent que tu ne peux forcer personne à faire affaire avec toi, cela vaut aussi bien en amour qu’en affaires. Si on te montre dès le départ qu’on a des réticences sur toi, bien souvent, cela ne sert à rien de forcer. Ce jour-là, mon interlocutrice, elle-même est étonnée de la façon dont je prends la nouvelle (moi aussi, lol). Ils avaient pourtant déjà appelé mes références et on sait tous ce que cela veut dire au Québec. De surcroit, l’une des références en question m’avait par la suite appelé pour me dire que j’avais la job… comme quoi ne jamais crier victoire trop tôt dans la vie !

Je continue à bombarder le monde de mes CVs et lettres de motivation. En janvier, je tombe sur cet organisme avait lequel j’aurais dû partir au Bénin, à peine revenue de Lomé un an plus tôt. Pour la petite histoire, il y a deux ans, j’ai démissionné de l’entreprise où j’étais depuis presque 4 ans. Après une rupture amoureuse difficile et un ennui profond dans mon travail, j’ai accepté la proposition d’aller travailler 6 mois à Lomé comme conseillère en communication pour une ONG locale. En deux semaines, j’ai mis mon 4 ½ (dénomination d’un appartement de deux chambres au Québec) en entrepôt, rendu les clés et sauté dans un avion. J’ai toujours voulu retourner travailler en Afrique. Et franchement, juste l’idée de me réveiller dans la même maison que mon père ou sauter dans une voiture pour aller voir ma mère me faisait vibrer. Ce sentiment que seuls connaissent ceux qui ont vécu loin de leurs parents trop longtemps.

2 janvier 2019, il doit être 7 ou 8h du matin. Mes neveux dorment toujours. Ils ont envahi le salon avec le sac de couchage et autres broles qui me font chaud au cœur. La st-sylvestre cette année, c’était chez moi et ma soeur est là avec ses enfants. Je suis assise à la table de ma cuisine à envoyer mes multiples candidatures. Je tombe sur un poste de conseillère en communication au Nigéria, à Abuja. Je lis le descriptif et suis déjà toute excitée car le mandat à l’air d’un beau défi. Ma sœur rentre dans la pièce, je lui dis qu’il y a des chances que je reparte en Afrique… La seule chose, c’est qu’être volontaire ne paye pas mine … mais pour l’expérience, je veux bien en être. Elle me répond que si c’est ce que je veux, ben … de ne pas hésiter.  Et voilà, mes cases sont remplies et j’appuie sur [envoyer la candidature].

Dans la même semaine, je reçois une première réponse positive. Le processus est plutôt long, et il faut se déplacer pour passer une sorte d’entretien/test psychologique à Ottawa. Plusieurs abandonnent en chemin car d’autres opportunités leurs sont offertes. Je continue moi-même à passer des entretiens quand j’y suis invitée. J’en passe tout un paquet, mais les dés sont déjà jetés et c’est la porte du Nigéria qui reste ouverte … curieusement. Avant mon départ, je dois faire une semaine de préparation à Ottawa, lorsque j’en reviens, je m’engage et signe l’offre avec l’organisme. J’arrête de postuler et je décline les entretiens. Je reçois une invitation pour un poste très intéressant au fédéral à Ottawa. J’écris à la recruteuse pour lui expliquer que je ne suis plus disponible car j’ai déjà accepté une offre. Elle me souhaite un bon voyage et de profiter de cette belle opportunité. Ça, je ne vais pas me le faire répéter.

[…] Les dés sont déjà jetés et c’est la porte du Nigéria qui reste ouverte.

Mars 2019, arrivée au Nigeria

J’atterris à Lagos où je passe la nuit avant de partir le lendemain pour Calabar. Les bureaux de l’ONG pour laquelle je vais travailler s’y trouve. Située à une heure de vol de Lagos, Calabar me surprend par son charme. La plupart des volontaires y sont basés. Je suis la première à aller chez un partenaire local à Abuja. C’est une sorte d’expérience dans le fond, pour moi comme pour eux, Lol.

Bon, je viens de décider de faire un petit article sur Calabar… Je vais donc m’arrêter ici car ça fait un mois que j’ai écris ces 3 pages et que je ne poste rien… ça va me motiver à continuer… À très vite.

La bise

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