Il n’avait que 20 ans

Il y a un mois, j’ai appris le décès de mon jeune cousin. Un petit frère d’une autre maman pour moi, un ami pour beaucoup, mais surtout un frère ainé pour l’un et cadet pour l’autre. À mon âge, bien souvent on l’a eu notre lot de mauvaises nouvelles…aussi bien en décès, qu’en maladies dans notre quotidien avec des gens qui nous sont chers et que nous voyons changer sans pouvoir rien y changer.

La mort, cette grande inconnue

Quand j’étais enfant, je me souviens avoir souvent pensé à pourquoi les gens avaient si peur de mourir. Tout ce que j’entendais de la mort n’était que peur. Et j’avais du mal à comprendre pourquoi. Puis, le premier décès m’a été annoncé à l’âge de 10-11 ans. C’était le garçon le plus drôle de mon école. La joie de vivre le caractérisait… Il avait toujours une blague à dire et un sourire aux lèvres. Pourtant, on a parlé de suicide. Je pense que ça a dû être au même moment que j’ai compris aussi ce qu’était un suicide. Peu de temps après, mon cousin, l’un des garçons le plus jovial et également le plus généreux que j’ai eu à côtoyer enfant décédait brutalement.

Ces deux décès avaient laissé en moi une telle tristesse que je me disais que je préférais être dans la situation de celui qui part que de celui qui reste. Je me demandais comment l’on pouvait avoir peur de quelque chose que l’on ne connaissait pas mais surtout où l’on ne ressentirait plus rien. Je ne mettais pas la variable du paradis et de l’enfer dans la balance… Je ne la mets toujours pas tant que cela. La perte de nos êtres aimés de manière brutale et inattendue créée un vide qui prend du temps à être comblé. Du moins, de mon expérience, c’est l’analyse que j’en ai fait.

Cette mort-là nous laisse sans voix. Les bras ballants, le cœur déchiré, l’envie de hurler à chaque fois que l’on y pense et un torrent de larmes. La mauvaise surprise nous tombe dessus, nous assomme, nous fait réaliser à quel point nous sommes fragiles et à quel point, poussière nous sommes. Ce genre de mort qu’on ne peut expliquer et qu’on laisse doucement à Dieu quand on est croyant.

Mon oncle William, the uncle that always has your back

D’abord ton père et maintenant toi. Ce matin de mai 2010, je me réveillais dans mon nouvel appartement à Shanghai pour voir un message de mon frère « tonton Willy est dcd ». Le coup de poing dans le ventre. Les pleurs et ce sentiment que quelqu’un vient de mettre la main dans ta poitrine et est en train de serrer ton cœur au creux de sa main. Notre tonton Willy fait partie de ces oncles qui te faisaient sentir bien, et être heureux d’avoir la famille que l’on a. Avec ton père, on pouvait rire, parler de garçon, parler des parents, et sauter des tourniquets de station de métro…

Ton père est aussi celui qui dès que j’ai eu le bac m’a donné de l’argent pour que je passe mon permis. C’est le type d’oncle qui n’est pas en compétition avec le père mais qui fait comprendre à un père certaines choses. C’est un oncle qui rentre dans sa cuisine pour préparer son canard laqué à sa famille et qui a toujours de la place chez lui pour toi. Qui veut que tu viennes dormir chez eux dès que tu passes à Paris, parce qu’il est vraiment heureux de te voir. Cet oncle qui s’arrangeait toujours pour que ses neveux aient une voiture de disponible pendant leurs vacances. La générosité de mon oncle en a marqué plusieurs. Il était aussi vrai, cru et bousculant qu’il était gentil. C’est aussi cela qui faisait sa particularité. Je ne peux parler de notre Geny sans parler de toi, tonton Willy.

À ma maman de Paris

Plusieurs femmes ont dans ma vie joué un rôle de mère. Tu en fais partie. De l’accueil de mes frères et moi, chez toi depuis plus de 20 ans. De l’apprentissage de notre langue maternelle à mon frère aux conseils à maman et à moi quand je me prenais la tête avec elle. Ces 10 dernières années tu as été la mère et le père de mes trois cousins. Ils ont grandi dans un environnement difficile mais sain car tu étais là en tout temps. Aussi bien en rigueur qu’en tendresse.

Un cousin en or

Deux choses que tu avais certainement étaient la générosité et la gentillesse de ton père.  Il y a 4 ans nous étions tous avec maman à Paris. Lorsque nous partions faire nos virées découvertes, du haut de tes 16 ans, c’est toi qui proposait de rester avec mamie Bella. Le nombre de fois que tu m’as laissé ta chambre ou ton portable sans la culpabilité et le malaise que seuls les adolescents savent créer. Comme ton père, tu venais me raccompagner ou me chercher à l’arrêt de bus. À l’opposé de lui, tu étais calme et silencieux, mais comme lui tu étais à l’écoute…

Tu venais d’avoir 20 ans et à mon message d’anniversaire, tu as répondu « Merci, ça fait plaisir, longue vie à nous ». Je pensais vraiment que l’on aurait une longue vie et la tienne à venir plus longue que la mienne. Il en a malheureusement été décidé autrement… Reposes en paix notre ange à nous.

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